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dimanche 2 février 2014

La Petite histoire de Belleterre, Témiscamingue, Québec

LA PETITE HISTOIRE DE BELLETERRE, TÉMISCAMINGUE, QUÉBEC

Par Ghislain Loiselle (texte en construction permanente, amorcé en décembre 2009)

Belleterre, Témiscamingue, Québec, fête cette année (2017)  ses 75 ans. Voici l’historique que j’ai commencé à rédiger dès 2009. Bonne lecture !
Par Ghislain Loiselle
C'est ici le point de départ de mon petit travail de rappel de faits historiques mettant en vedette Belleterre, Témiscamingue, Québec, ma ville natale. J'ai volontairement plané au-dessus des informations. Je suis allé à l'essentiel. Il me manque beaucoup de renseignements. J’entends enrichir cette historique en permanence. Vous le pouvez aussi en m'écrivant. Merci de vos commentaires.
Je remonte donc le fil du temps à partir des tout débuts de Belleterre, pour qu'on ait une idée de comment ça s'est passé.
Un des premiers documents que j'ai consultés comporte peu d'informations sur Belleterre, mais il dit néanmoins que c'est très exactement en 1930 que William Logan a découvert son gisement aurifère et argentifère. Fait à noter, un élargissement de la rivière Marécageuse reliant le Horse Shoe Lake (lac Fer-à-cheval) au lac des Fourches, à l'ouest de Belleterre, près de Winneway, porte le nom de Logan. Mais c'est écrit Lokan, ce qui est une erreur sur la carte 1:50 000 du ministère fédéral des Ressources naturelles.
Belleterre est à cheval sur deux immenses provinces géologiques, les Lac-Supérieur et Grenville. Début de la décennie 1930, donc, des travaux d'exploration minière ont cours dans le canton Guillet et le prospecteur W. Logan découvre, cette année-là, un gisement d'or et d'argent assez riche pour que des investisseurs canadiens alléchés par l'appât du gain décident d'y mettre plusieurs de leurs précieuses ''billes''. Le gîte se trouve dans le quart nord-est du canton. On parle en fait de beaucoup de billets verts. Après tout, on a affaire ici à des métaux précieux qui peuvent rapporter gros à des actionnaires. Au Québec, les yeux sont tournés vers l'Ouest québécois qui continue son développement. Cette fois au niveau minier au Témiscamingue, ce qui est particulier, les mines étant surtout exploitées en Abitibi, la région naturelle voisine située plus au nord, le long de la faille Larder Lake-Cadillac.
Comme la mine d'or de Belleterre a été découverte en 1930 ainsi qu'il est rapporté dans plusieurs documents, peut-on présumer que l'exploration minière a commencé avant la saison verte 1930 en ces lieux? Je le crois. Ce serait à la fin de la décennie 1920, à peine 10 ans après la Première Guerre mondiale. Des rapports des ministères des Ressources naturelles pourraient l'indiquer.
J'insiste parce que j'aime à m'imaginer prospecteur ou explorateur dans les années 1920, en 1929, disons, naviguant en canot, débouchant au lac aux Sables et découvrant la plage publique, les plages des environs du quai d'avions, de Place du Lac, de la Pointe à Robinson et de la fin des rives sablonneuses, vers la rivière aux Sables, alors qu'il n'y a encore rien à Belleterre. J'arriverais du lac Kipawa et j'aurais emprunté le lac Ostaboningue et la rivière Cerise, puis les lacs Lavoie, Grenier, Allard, Moore, Girard et Gauvin, ou encore les Kirouak et Patry (V Lake), des passages qui existent depuis plusieurs milliers d'années, pour accéder au lac aux Sables. Il y a plein de grands pins à cette époque, à Belleterre. Wiliam Logan est un des premiers, après les Algonquins, à découvrir cette belle terre. Et son système géologique, ses riches affleurements rocheux, ses veines de quartz, à travers le granite rose, les blocs erratiques déposés ici et là par le grand glacier nord-américain, lors de son retrait, en -10 000 ans avant Jésus-Christ, pour ce qui touche le Témiscamingue. Le grand lac préhistorique Barlow s'est retiré plus vite qu'ailleurs au Témiscamingue à Belleterre, parce que cet endroit est à la hauteur des terres. La forêt est vierge, intouchée pendant des millénaires. Les pins sont impressionnants par leur grosseur et leur hauteur. Ils n'ont pas encore été coupés pour les besoins du développement. M. Logan se trouve dans un paradis. Et il a en mains, plein son havre-sac, de l'or natif et énormément plus que bien de pépites que certains ont pu trouver en draguant des ruisseaux. Des veines sillonnent le sol, avec du sang doré dedans. Un trésor.  Il y a beaucoup d'argent à faire ici, se dit-il. Il faut jalonner! Trouver des investisseurs. Prospecter, explorer davantage. Je vois une mine, ici. Il y a de l'avenir. Une compagnie doit développer cette belle terre. À tout prix!
Au delà de cette vision, de ce rêve basé sur le réel, Belleterre prend forme peu à peu. La ville en fondation en est à l'état embryonnaire. Mais c'est ainsi que se fonde d'abord une communauté. Exactement comme un être humain qui doit d'abord connaître ses premiers jours. Si on voulait parler de la fondation de Belleterre (et non seulement se fixer sur une municipalisation), on pourrait affirmer que ce lieu aura en 2017, à son 75e anniversaire de municipalisation, presque 87 ans, à cause justement des premières occupations humaines en ses ''murs''. Il est assez clair qu'aussitôt après la découverte de ce trésor, des hommes sont restés sur place pour le garder. C'est la première occupation.
Assez vite après la découverte de 1930 et la décision d'aller de l'avant avec une mine, le puits no 1 a est érigé de même que le bâtiment-annexe. La mine Belleterre Québec sera exploitée par la compagnie McIntyre Porcupine Mines ltée, de Timmins, Ontario.  La McIntyre a nommé sa mine "Belleterre" parce que cette terre hors du commun était effectivement belle et parce que belle terre, Belleterre, c’était facile à prononcer pour des anglophones entourés de francophones. Il faut savoir qu'il existe une ville de Belle Terre dans l'État de New York, aux États-Unis d'Amérique, contrée largement anglophone pourtant.
En 1935, la mine est en opération. La véritable exploitation débute en 1936. Le « boom » minier attire de nombreuses personnes qui viennent d’abord uniquement pour travailler. On retrouve un petit village autour, appelé à juste titre le village de la mine. Et en 1936, Mud Lake et Gainsmore prennent forme. Le temps passe et, en 1937-38, des travailleurs défrichent maintenant les terrains où seront localisés les puits no. 2 et no. 3 de la mine principalement aurifère. L'entreprise a déjà beaucoup d'installations en place dans cette petite région où la ville de Belleterre n'existe pas encore. En 1938, le petit village est bien constitué au lac Guillet, à un peu plus de un kilomètre de la mine. C'est Mud Lake. Une vingtaine de familles y sont établies. C'est la plus connue des micro-agglomérations de ce coin de pays. On y retrouve une plage pour la baignade. Une laiterie y a pignon sur rue. Une école-chapelle est en place et un hôtel, une salle de quilles, un magasin, une maison de pension, une station de pompage, etc. Gains More est aussi bien installée, en 1938. Et bien sûr le village de la mine, près du puits no. 1, pour les cadres, les dirigeants, les travailleurs aussi logés dans une "bunk house", de diverses nationalités, polonaise notamment, et des localités environnantes. Un hôpital y a été construite (le docteur Fernand Pelletier y oeuvrait) ainsi qu'un magasin avec entrepôt, des chevalements dont la première bâtisse de la mine et le shaft no 1, un Club avec salle de quilles au sous-sol, un bureau de poste, des bâtiments pour la mine dont un bureau, un atelier (steel shop), un moulin (concentrateur), une cuisine et une salle à manger, etc. Des foreuses au diamant sont actives en ces lieux où le village planifié de quatre avenues et quatre rues avec extension urbaine vers la mine, au nord-est, appartient encore au futur.
Jusqu'en 1937, il n'y avait pas de chemin pour gagner ce nouveau centre minier. On y accédait par voie d'eau (lac des Quinze, lac Simard, etc.) et bien sûr par la voie des airs. En 1938 donc, une route est aménagée depuis un certain temps pour relier ''Belleterre'' à sa région, le Témiscamingue. Elle part de Laverlochère (St-Isidore). C'est jusque là que se rend le chemin de fer. Il y avait une gare à Laverlochère, à l'entrée de la bretelle de gravier reliant l'actuelle route asphaltée 382 et Angliers. À l'époque, du précieux matériel et des denrées alimentaires et autres destinés à Belleterre étaient débarqués et transportés par route à destination. Avec un puissant camion-tracteur dumpeur à chenilles, communément appelé par sa marque, le Lynn, des réservoirs de carburant ont été transportés jusqu'à la mine Belleterre pendant plusieurs jours. Une cuisine mobile suivait, tirée par des boeufs qui ont été abattus rendus à destination, pour nourrir les hommes. Pour le bois, on n'aura pas besoin de l'acheminer vers Belleterre par train ou autrement; la forêt les fournira directement. Cinq cent mille pieds, longueur de planche, de bois doivent être coupés pour la McIntyre... qui doit bâtir, à grande échelle. Beaucoup de grands pins commencent à tomber.
En avril 1938, le gouvernement du Québec autorise la McIntyre à aménager la chute d'eau se trouvant juste avant le déversoir de la rivière Winneway dans le lac Simard, au nord de ''Belleterre''. La mine aura besoin d'électricité pour pouvoir être opérée. Pendant ce temps, le Syndicat national de l'électricité réalise son plan d'aménagement des forces hydrauliques. Une centrale hydroélectrique est en vue. Mais ça ne se fait pas en criant ciseaux. Il faudra attendre quelques années encore.
Été 1938, des résidents du ''Mud Lake'' poursuivent leurs travaux d'aménagement d'un chemin pour relier leur hameau et la mine. La petite artère est déjà utilisée, évitant aux gens de transporter leurs effets sur leur dos, mais elle est boueuse. C'est un chemin de terre, de glaise si on se fie au nom du lac. Des activités de financements sont organisées.
À l'été 1938, une unité sanitaire est déjà en place à Belleterre. C'est un service de santé. De nombreuses bâtisses sont en construction dans ce coin de pays, des maisons, des édifices, un hôpital. On aménage une ligne électrique depuis l'aval de la rivière Winneway. On dégage un corridor. Et on recharge avec du gravier le chemin du Mud Lake, avec de modestes moyens.
À l'été 1939, des gens sont aussi installés à Gainsmore, à proximité du puits Aubelle. Une boulangerie s'y installe. Un garage est en construction. Tout se développe autour des puits. Belleterre, ville planifiée, avec plan d'urbanisme, services d'aqueduc et d'égouts, luminaires, rues et trottoirs en béton comme en bois, école, église, n'est pas encore créée.
On est au printemps 1940 et ça va rondement à la mine. Elle est en exploitation et toute une vie sociale est en action. La région belleterrienne compte quelque 500 habitants. Et le coeur de Belleterre n'existe pas encore, je veux dire les ''quatre avenues et quatre rues''. Il y a même des équipes de hockey, à Belleterre : le club de la Surface, celui des Mineurs, l'équipe du Staff et celle du Moulin. Les joueurs sortent de Belleterre pour disputer des parties.  Et des clubs de l'extérieur, par exemple de Ville-Marie, viennent se faire battre à Belleterre. Le baseball est aussi pratiqué l'été.
La seule mine du ''Témis'' dispose d'une salle publique utilisée pour la messe. Mais il est de plus en plus question de la construction d'une chapelle-école temporaire.
Été 1941, des travaux importants continuent à être réalisés au village de la mine Belleterre. Les installations sont sans cesse peaufinées. La production de minerai aurifère bat son plein.
On compte au-delà de 700 personnes dans le canton Guillet dans la première demie de 1941 et le peuplement se poursuit.
Le 14 octobre 1941, l’ingénieur en chef adjoint du ministère de la Santé du Québec, René Cyr, se rend à Belleterre en vue d’étudier le projet d’établissement d’un nouveau site pour accueillir le village de Belleterre. C’était selon les instructions de l’ingénieur en chef du MSQ et à la demande,le 7 octobre 1941, du chef de la Division des villages miniers du ministère des Mines du Québec, M. Burroughs Pelletier.
Dans son rapport, daté du 23 octobre 1941, M. Cyr souligne que la compagnie qui exploite la mine Belleterre, en employant 250 hommes, a fait défricher une grande étendue de terrain à l’ouest de sa mine, a ouvert deux rues et a fait construire une quinzaine de maisons ainsi qu’un camp pour ses employés. C'est le village de la mine, ainsi qu'on l'appelle communément. Il fait remarquer que son inspection a démontré qu’il existe deux autres petits villages, vers l’ouest, illégaux ceux-là, occupés donc par des « squatters » (occupants sans permis des terres de la Couronne). C’est Mud Lake (lac Guillet), qui compte 125 maisonnettes, et Gainsmore, où on dénombre une quarantaine de familles. Au contraire de Mud Lake et Gainsmore, le village de la mine est approvisionnée en eau potable par une prise dans le lac Guillet. Cette eau est chlorée. Les résidants de deux autres agglomérations prennent également leur eau dans le lac Guillet pour ceux de Mud Lake et par le biais de puits pour ceux de Gainsmore. M. Cyr fait remarquer que son inspection a montré des conditions déplorables au point de vue sanitaire dans les deux petits villages non légaux. Il est nécessaire de faire disparaître ces deux hameaux et d’aménager un nouveau site au nord-est du lac aux Sables, à 2,4 kilomètres au sud-ouest du village de la mine. Le ministère de la Voirie du Québec construira un chemin d’accès depuis le lac Taché, lequel rejoindra le nouveau village, puis la mine. L’inspection complète des lieux a démontré que l’emplacement est idéal pour le développement d’un village auquel la McIntyre donnera le nom de sa mine, Belleterre. Des systèmes d’égouts devront être mis en place. Une prise d’eau sera installée à un élargissement de la rivière aux Sables, entre le lac Croteau et le lac aux Sables. Un bâtiment accueillera une pompe pour puiser l’eau et l’expédier au village, situé non loin de là, via un aqueduc. L’eau subira au préalable un traitement au chlore. Les environs du lac seront maintenus à l’état boisé, pour préserver la qualité de l’eau. Aucune maison ni chalet n’y seront construits. Une plage de sable naturelle sera utilisée par les citoyens pour la baignade, la natation. Les eaux d’égouts ne seront donc pas déversées directement dans le lac. Non loin de là, un petit lac branché au lac aux Sables servira de bassin d’épuration et les eaux usées passeront d’abord dans un fosse septique, de décantation, de sédimentation. Puis l’effluent sera chloré.
La division du génie sanitaire du Ministère coopérera avec l’ingénieur conseil qui s’occupera du développement du village et des problèmes d’eaux potable et usée. Le tout devra être approuvé par le ministère québécois de la Santé.
À l'automne 1941, l'annonce est faite qu'une route sera construite entre le Mud Lake et le nouveau village d'abord couramment appelé, rappelons-le, Sand Lake, un nom anglais parce que les dirigeants et officiers de la McIntyre étaient des anglophones. Il en est ainsi comme partout ailleurs au Québec. La mine se trouve entre Mud Lake et Gainsmore. Quant à Belleterre, elle est localisée entre le village de la mine et Mud Lake d’un côté et Gainsmore de l’autre. Ce même automne, la ''ville de compagnie'' est finalement en pleine construction, sur la belle terre jaune, en haut de la plage du lac aux Sables. Il y a encore de belles forêts tout autour. Et de beaux lacs. Une église et une école sont projetées. Les activités religieuses, spirituelles, y sont toutefois une réalité depuis longtemps déjà. La population souhaite avoir son église, sinon une chapelle, en plus d'une école.
Bien avant Noël 1941, des activités sont organisées pour financer la construction d'une école dans le secteur de Belleterre. De 1936 à 1947, la mine s’occupe de l’éducation. Le département de l'Instruction publique a promis 1500 $ à cet effet. Mais il faut plus. L'école sera utilisée pour le culte catholique, en attendant l'érection d'une église, à côté. Il va sans dire que les enfants vont quand même à l'école.
En janvier 1942, le contrat a été accordé pour brancher le nouveau village de Belleterre à une ligne électrique provenant de la mine et, plus en amont, de la centrale hydroélectrique de la rivière Winneway. On appelle alors Belleterre sous deux appellations: ''nouveau town site'' et ''Sand Lake'', comme on dit Mud Lake et Gains More.
Début 1942, la Mine Belleterre et des citoyens vont demander au gouvernement du Québec d'incorporer en municipalité de ville la communauté de Belleterre. Son territoire sera constitué d'une partie du canton Guillet et d'une partie du canton Blondeau. Une loi devra donc être adoptée ou du moins un règlement. On dira dorénavant ville de Belleterre ou municipalité de ville de Belleterre, puisqu'elle demeure évidemment à la base une municipalité, réalité nord-américaine.
Cette même année, ce sera chose faite. La nouvelle ville a obtenu sa charte en 1942. Le gouvernement a alors imposé un conseil municipal à cette ville de compagnie dont le premier maire a été BH Budgeon, puis J Kenneth Godin, gérant de la mine, Joseph Morin, Arthur Hurley, Réal Mathieu, O'Brien Rivard, Viateur Baril, Laurent Savard, Médéric Lacroix, Denis Paquin, Roger Phillips, Paul Larivière, Gilles Paquin, Carmelle Nantel, Jean-Pierre Charron et Bruno Boyer. Il aura fallu attendre 12 ans avant qu'il n'y ait une élection en bonne et due forme.
En août 1942, une route digne de ce nom est enfin terminée entre Latulipe et la nouvelle ville de Belleterre. Il y avait bien un chemin, une voie de terre, auparavant. Et un chemin d'hiver peut-être plus carrossable que l'été, par grands froids, mais là, on parle d'autre chose, avec cette construction.
Les terrains sont vendus comme des petits pains chauds dans la nouvelle ville de Belleterre. On y compte une vingtaine de nouvelles constructions. L'église a été construite en 1942. La première messe de Noël y a été célébrée par l'abbé Basil Dionne. Celui-ci a été le premier curé. Les autres ont été Théodore Beaudoin, Phillip Pelletier, Gilles Lapalice, Marcel Cloutier, René Gauthier, Michel Vézeau, Martial Barrette, Roger Cadotte, de nouveau Martial Barrette, Joseph Bendere, Jean-Claude Labbé, Gilles Chauvain (le vicaire général du diocèse de Rouyn-Noranda) et Normand Thomas qui dessert actuellement la paroisse St-André. Il y aura eu 1300 baptêmes, 283 mariages et 162 sépultures à cette église de 1942 à 1992. Et le développement continue en 1942. Il commence à y avoir tellement de monde à Belleterre qu'on doit demander aux gens de ne rien jeter dans le lac, pour ne pas contaminer cette eau potable.
En avril 1943, après seulement un an, il y a eu plus de 70 naissances à Belleterre. Ça veut dire qu'il y en a eu d'autres avant et qu'il ne faut pas se surprendre qu'avec tous ces nouveaux nés et les ''immigrants'', quelques milliers de personnes ont vécu à Belleterre au pic de la démographie.
En septembre 1943, la Mine Belleterre Québec (la McIntyre en fait) s'est adressée au gouvernement du Québec pour lui demander l'autorisation de construire une centrale hydroélectrique d'une capacité de 2800 CV (chevaux vapeur) un peu avnt l'exutoire de la rivière Winneway, au nord-est de la mine, ce qui inclut un barrage de béton, et pour lui présenter son projet de construction de sept barrages de retenu des eaux de ce même cours d'eau. Cette rivière et les lacs qui y sont branchés deviendront du coup un réservoir hydraulique pour assurer un apport constant en eau pour le turbinage à sa future centrale hydroélectrique.
Le projet de mise en place de sept barrages de bois exposé à Québec à l'automne 1943 aura pour effet de faire monter les eaux des lacs des Fourches (Spring), à la Truite (Trout), Bay, Soufflot (Cross Lake), Winnewiash et Winneway. Des arbres seront aussi noyés, s'ils ne sont pas coupés, récupérés au préalable.
Au début de 1945, les citoyens de la ville minière de Belleterre ont révoqué par référendum la Loi provinciale de la Tempérance en vigueur au Témiscamingue, comté qui, à l'époque, s'étend jusqu'à Rouyn-Noranda. Ça veut dire qu'il peut y avoir des bars à Belleterre. Sur 67 électeurs inscrits qui se sont présentés au vote, un seul a été contre.
Au printemps 1945, la Compagnie de Téléphone du Nord a mis en place le service de téléphonie à Belleterre. Le gérant de la Mine Belleterre Québec, B.-H. Budgeon, a logé le premier appel. Il a appelé le gérant général de la McIntyre Porcupine Mines Ltd, R.-J. Ennis. Le surintendant d'Électricité de Belleterre, J.-E. Angrignon, a ensuite appelé sa mère à Schumacher.
Un comité ayant été formé au début du printemps 1946, le chemin Belleterre-Latulipe a pu être entretenu durant la saison chaude, ce qui a empêché des entraves à la circulation et des fermetures impensables.
Au printemps 1946, on s'apprête à donner le contrat de construction d'un cinéma moderne à Belleterre, le Star Theater ou Cinéma Star. Plusieurs espaces pour des bureaux et des magasins sont prévus en plus de la salle qui pourra servir de théâtre, i.e. pour des spectacles, ''sur les planches'', en plus de la projection de films, comme cela se fait au Théâtre du Cuivre, à Rouyn-Noranda. Le cinéma compte 400 sièges. Il couvre une superficie de 100 pieds sur 50. Ses murs étant constitués de blocs de béton, il est à l'épreuve du feu et est toujours debout aujourd'hui, accueillant l'hôtel de ville de Belleterre et la Caisse Desjardins. C'est cette même année (1946) que l'école St-André a été construite. En 1947, la Commission scolaire de Belleterre est créée.
En 1947, Belleterre compte 2500 résidants. Le 15 avril 1947, la construction du Cinéma Star débute à Belleterre. Les propriétaires sont de l'extérieur de la ville, soit de Ville-Marie et Fabre. L'inauguration est projetée pour la fin juillet. Un orchestre réputé de Québec (Georges Amyot) sera alors présent avec la chanteuse Evelyne Dubois. Le tout se terminera au Club House de la mine.
À l'été 1947, Belleterre, c'est une ville où tout plaît à la vue: église neuve, commerces neufs, maisons neuves, hôtel moderne avec 35 chambres baptisé ''Château Belleterre'' (il ne recevra toutefois ses briques rouges qu'au printemps 1948), Club de Curling et patinoire en vue de la prochaine saison, etc. Des noms de commerces  et organisations? Ceux qui me viennent à l'esprit sont le Café Royal, la station d'essence BA, la station d'essence BP (Garage Lefebvre), le Château Belleterre, la Banque impériale de commerce (coin 1re av.-3e Rue), la Guest House (maison d'invités de la McIntyre devenue la chalet de "Bébé" Savard, le restaurant Chez Dianis devenu Restaurant Paquin, puis Rest'O'Gîte Paquin, l'épicerie Beauvais (Latraverse avant?), le magasin Charbonneau devenu Nordia, l'épicerie Bussière devenu Phillips, puis Resto-Bar Belle City, le coiffeur en haut de cet édifice, le bureau de poste d'un côté, puis de l'autre, sur la 1re Avenue, comme le Café Royal, la ''roulotte'' à "chips chauds", comme on désignait les patates frites, rtenant à M. Gaudet, avec l'aide de son fils Yvan, la salle de quilles qui a été la proie des flammes, séparée qu'elle était par un mur mitoyen en béton de l'immeuble de Géo Centre dans lequel il y a des logements, le magasin Hein qui est plus vivant que jamais, le presbytère, le magasin de Mme Gaudet (15 cents), le Curling, le Cinéma Star qui était abandonné quand je l'ai connu, l'édifice à appartements de la Canada Venners, l'hôtel de ville coin 3e Av.-4e Rue où il y avait une cellule (prison),  puis dans la bâtisse de l'ancien Cinéma Star, accompagnant la Caisse Desjardins, la Police de Belleterre sur la 3e Avenue, le service d'autobus, le poste et la barrière des gardes-feu, la pourvoirie Hunken Inn, le garage municipal pour les travaux publics, le service des incendies, l'église St-André, l'école St-André, le complexe Canada Venners/Commonwealth Plywood, la Pourvoirie du lac à la Truite, la Pourvoirie Marion, la Pourvoirie Gauvin, l'hôpital et le magasin dans le croche de la mine vers Laforce, la tour des gardes-feu, la "Pump House", le quai d'avions, Air Kipawa, le magasin qu'a notamment tenu France Brassard (1re Av.), le point de service du CLSC désigné Pavillon de l'Est (ancien magasin Desjardins), le nouveau dispensaire de soins, le service d'ambulances, le premier presbytère devenu la résidence des Pépin, le chalet de ski de fond (Pentes de Rosa), le Club équestre, les différentes patinoires, les deux terrains de tennis, la plage publique et la deuxième plage , où il y a aujourd'hui un terrain de camping municipal, des moulins à scie privés dans la baie d'Air Kipawa et près du Curling, le bar de Brassard et de Philipps, les cabanes à sucres, le terrain de baseball, etc.
Force est de constater que la mine Belleterre est profonde. Car trois mineurs ont été écrasés à mort par des blocs de roc à 13 h 30 le 8 février 1950 lors d'un éboulis survenu à 2400 pieds sous terre. Et la profondeur va aller au delà, car c'est un puits qu'étaient à creuser René Labelle, Bernard Plante et Jacques Matte, avec quatre autres mineurs. Mais il y a eu d'autres décès à la mine Belleterre, un notamment au puits Aubelle.
Au printemps 1951, le chemin reliant Belleterre et Ville-Marie en devient un numéroté. On parlera dorénavant de la route 62, à l'époque, car, depuis les années 1970, c'est la 382, comme la 46 est devenue la 101. Et qui dit route numérotée dit poursuite éventuelle de l'artère au delà du cul-de-sac actuel... un jour, peut-être. Car une route numérotée, c'est important. Une délégation de Belleterriens s'est rendue à Québec pour défendre le dossier de la route Belleterre-Le Domaine, à l'hiver 1950-51. On est alors au printemps 1951. Il faut toutefois savoir qu'il est question de cette route depuis la fin des premières années du Témiscamingue, soit la fin du 19e siècle, du temps des premiers fondateurs, dans les Basses-Terres du lac Témiscamingue.
En attendant, depuis l'Abitibi, la route 101 poursuit sa course jusqu'au Témiscamingue et traverse cette région jusqu'à Témiscaming, où elle prend fin à la ''frontière'' Québec-Ontario. La 382 (62 en 1951) y est connectée comme une branche à un tronc.
Il faut aussi savoir que la route 62, si elle était prolongée, déboucherait sur la 58, aujourd'hui la 117 Transcanadienne, dans la réserve faunique La Vérendrye.
L'idée de la route Belleterre-Mont-Laurier fait son petit bonhomme de chemin. Le député Nil E. Larivière a dit: ''nos routes se sont prodigieusement améliorées depuis 1936. Elles sont passées à 86 pieds de largeur contre 30'. Dans un avenir pas trop loin, vous verrez la réalisation  de la ''route Belleterre-Mont-Laurier'' (en débouchant près du lieu dit Le Domaine) dont on parle depuis 1890!''
Depuis quelques années, on n'envoie plus les écoliers à Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, au Mud Lake. L'école St-André a accueilli 313 élèves en septembre 1954. Les enseignants? Paquin, Laverdière, Trudel, Bellehumeur, Proulx, Ferron, Baril X 2, Denommé, Lambert, Dubé, Beauchemin, Poirier et Bruyère.
Les personnes résidant au Mud Lake quittent peu à peu cet écart au profit du village, au lac aux Sables. La nécessité de l'entretien du chemin menant à ce hameau et l'attrait pour une ville avec tous les services (réseaux d'aqueduc et d'égouts, luminaires de rue la nuit, trottoirs, etc.) est en partie responsable du désintéressement des gens pour ce coin de pays, au bord du lac Guillet. Il y avait aussi obligation, on le sait.
Belleterre comptait 1011 habitants en 1951. Comme Palmarolle et Normétal, en Abitibi, Belleterre se trouvait éloignée des centres urbains comme Noranda et Rouyn, Val-d'Or-Bourlamaque, Malartic, mais elle s'est néanmoins développée et est devenue un gros village avec une bonne structure municipale. Il faut dire que Belleterre est situé très en marge de la faille Larder Lake-Cadillac sur laquelle l'Abitibi minier s'est construit. La Mine Belleterre Québec en est une essentiellement d'or-argent, contrairement aux mines polymétalliques plus au nord, le long de la longue faille allant d'ouest en est.
Le 2 février 1955, la ville de Belleterre connaît la première élection partielle de son histoire. Il faut dire qu'en 1946, les électeurs avaient été appelés à élire deux conseillers, mais ils avaient été désignés par acclamation. Oui, il aurait alors pu y avoir élection, mais il n'y a pas eu d'opposition. Henry Ayotte et Ernest Gauthier devenaient dès lors ''échevins''.
Quelques mois plus tôt, fin 1954, le gérant de la mine, M. Godin, a dit que plusieurs travaux allaient être exécutés au printemps 1955, à la mine: notamment l'aménagement de l'entrepôt actuel dans le magasin, dans la courbe de la mine, lequel on isolait en décembre.
En janvier 1956, le gérant de la mine, Ken Godin, a dit aux mineurs syndiqués membres des Métallos Unis d'Amérique, que ''le présent pourcentage de production et la réserve d'or ne permettait pas à la mine de continuer ses opérations pour beaucoup plus d'une année'' et qu' ''elle prend en considération le bien-être des Belleterriens dans ses décisions d'exploitation.''
Si l'honneur de la découverte du gisement aurifère de Belleterre revient au prospecteur William Logan, celui d'avoir jalonné le terrain revient à Rodrigue Nadeau qui est décédé le 23 novembre 1956 à 62 ans à Rouyn-Noranda, à la suite d'une longue maladie.
En décembre 1956, on apprend qu'une mine de cuivre et de nickel pourrait voir le jour entre Belleterre et Latulipe. Des résultats de forage sont prometteurs. On sait aujourd'hui, en 2017, qu'il aura fallu presque 10 ans pour que cette mine, la Lorraine, ouvre effectivement ses portes, exploitée par, toujours, la McIntyre. Le secret d'entreprise n'en était pas un. Secret de Polichinelle.
Cela arriverait à point en cette fin des années 1950, car il reste encore beaucoup à faire pour que Belleterre soit plus que jamais une ville digne de ce nom. Et les axes de communication y jouent un rôle important. Ainsi, la route Belleterre-Laforce n'était toujours pas gravelée un an plus tôt, en mars 1955. Et on revendiquait toujours la route 61, débouchant à O'Connell Lodge, près du ''Domaine'', non loin de Grands-Remous et Mont-Laurier.
Le 20 mai 1957, la population de Belleterre connaît des heures d'engoisse. Un incendie de forêt fait rage à proximité du village. Des résidences risquent d'y passer. Mais le vent tourne quand le feu est rendu à 100 pieds des demeures les plus à risque. Les flammes, en allant plutôt vers les chalets, en carbonise deux, en plus de 15 traîneaux de charroyage de bois.
C'est par fierté, non par orgueuil, que je signale que je suis né cette année-là, le 28 novembre 1957. Je suis à peu près du même âge qu'André (Bidou) Phillips qui est venu au monde seulement quelques jours après moi. Mme Phillips et ma mère, Huguette Paquin-Loiselle, étaient dans la même chambre, à l'hôpital de la mine, à Belleterre. Daniel Thibault, le fils de Noël, est également de ma génération. Et il y en a bien d'autres de mon âge ou presque, comme Louis Rivard, Henri-Paul Raymond, Robert Marleau, Luc Brassard, André et Denis Manseau, Mario Pépin, Pierre Phillips, Johnny, Shirley, Johanne et Dany Rivard, mon frère Christian et mes soeurs Claude et Guylaine, mes frères Michel, Luc et Jean-Yves, Joël et Nancy Hotte, Linda et Chantal Charbonneau, Louise et Michelle Lefebvre, Florien Fortin, Jovette, Mario et Sylvie Fleury, Hermil Lambert, etc. Il y aurait des milliers de personnes à nommer, dans tous les échantillons d'âges, du début à aujourd'hui. On se retrouverait avec un bottin à lire.
On peut lire dans le journal Le Devoir, le 29 août 1958, ''les réserves de minerai de la mine Belleterre sont presque épuisées. Toutes les sources possibles de minerai nouveau ont été explorées. M. M.-L. Urguhart en a avisé les actionnaires. La compagnie souhaite poursuivre ses opérations jusqu'au printemps 1959 sans encourir de pertes. Aucun dividende ne sera versé.''
Le 4 septembre 1958, J.-P. Bonneville a vu juste en écrivant, dans Le Progrès, ''depuis 1954, McIntyre parle de l'épuisement de ses réserves et de la cessation prochaine de ses opérations à Belleterre. Mais, toujours, l'échéance cruelle est reculée''. L’éditeur Bonneville ne semblait toutefois pas savoir que cette entreprise allait redonner un second souffle à Belleterre, avec une autre mine.
La Mine Belleterre Québec, la seule en production au Témiscamingue, fermera ses portes à la fin de février 1959, la veine 12 du filon d’or étant épuisée.. Deux autres mines ont fermé en Abitibi depuis trois mois. Cette fermeture avait été annoncée à l'été 1958. On souhaitait que la veine 14 allait repousser la fermeture.... 50 mineurs travaillent encore, jusqu'à ce qu'on scelle le dernier puits. Une partie de la population déserte la ville. La démographie locale chute quelque peu. La mine Belleterre aura été exploitée sans interruption de septembre 1935 à février 1959. La McIntyre y a extrait 2,2 millions de tonnes de minerai aurifère et a produit 696 643 onces de métal jaune et 71 000 onces d’un autre métal précieux, associé à l’or, et j’ai nommé, l’argent. 90 % de l’or de Belleterre est sorti de la veine 12 qui a donné 623 000 onces. Le minerai titrait 0,33 onces par tonne ou 10,73 gramme d’or par tonne. La mine avait démarré à 35 $ l'once.
Quand une mine ouvre, ça signifie qu'elle va fermer un jour. C'est comme naître et mourir. Tout a une fin. Et comme le minerai n'est pas une ressource renouvelable contrairement au bois à long terme, il aurait été important de mettre en place un fonds de développement pour diversifier l'économie de Belleterre. Ce qui n'a pas été fait. Aucune loi n'obligeait personne à cet égard.
Par chance, l'industrie forestière va prendre la relève. On est bien loin, encore, d'un fonds de développement économique, quand une entreprise (on parle de Canada Venners) s'installe en effet à Belleterre, deux ans après la fermeture de 1959, en profitant un peu des circonstances, il faut le dire. Belleterre est toutefois loin d’être une ville fantôme, comme on a pu le lire dans certains rapports de presse utilisant une expression dite qui tue. Le 4 février 1960, Québec exempte entièrement cette entreprise de taxes pour trois ans et elle paiera ensuite des taxes non augmentables pendant 13 ans, i.e. jusqu'en 1973!...
On sait que les taxes foncières sont utilisées pour maintenir et développer une communauté. Restera au moins les salaires. Et les achats, pour ceux qui seront faits localement et au Témiscamingue et sans doute un peu en Ontario. On souhaite aussi alors que les salaires seront intéressants. Dans la première demie des années 1960, c’est la mise en place des usines. L’espoir renaît à Belleterre. Et la démographie locale reprend du poil de la bête. Quelque 100 à 125 personnes travailleront à longueur d’année à la scierie et à l'usine de déroulage de contreplaqué, selon le directeur du complexe, René Lavoie.
En août 1963, la McIntyre détruit par le feu son chevalement no 1 et le bâtiment associé. En novembre 1964, c'est au tour du "shaft" no 2.
En 1964, la compagnie Canada Veneers entraîne des retombées économiques à Belleterre avec la construction et l'exploitation de ses deux usines, près de la ressource, et autour. Elle se donne une politique d'achat de fournitures en région, dans la mesure du possible. Elle et ses entrepreneurs ont versé des salaires bien mérités de 300 000 $ cette année-là. Un investissement de 1 million $. Elle emploie 200 individus.
La Canada Venners a opéré jusqu'en 1986 à Belleterre. Cette année-là, elle a vendu ses installations à la Commonwealth Plywood. Cette entreprise requiert plus d’énergie électrique. Ce qui amène la vente du réseau privé de Belleterre, bref, la centrale hydroélectrique installée un peu avant l’exutoire de la rivière Winneway, à l’établissement algonquin du même nom, inclus dans la municipalité de Laforce. Ainsi, à compter de juillet 1990, Belleterre est dorénavant approvisionnée par Hydro-Québec, par le truchement d’une ligne de transport arrivant de Latulipe. La ligne Winneway-Belleterre est démantelée.
La McIntyre fait état, en janvier 1963, d'une découverte de cuivre et de nickel dont on a curieusement déjà entendu parler alors même qu'elle opérait encore la mine d'or Belleterre, en décembre 1956. Le 25 mars, la compagnie a commencé la construction d'un chemin menant au site qui se trouve à la fois dans le canton Blondeau, dont Belleterre est constituée en partie, et dans le canton Gaboury (un des cantons constituant Latulipe et Gaboury), la municipalité voisine de Belleterre, à l’ouest.
Au coeur de l'été 1964, les travaux progressent normalement à la future mine Lorraine. 75 personnes sont au travail. On construit les bâtiments, le chevalement du puits. On érige le moulin (concentrateur). La production, donc le fonçage du puits, est prévu pour octobre. L'intérêt suscité par cette activité amène d'autres compagnies à claimer à Belleterre. Tant mieux.
En déclenchant une explosion souterraine, à 14 h le vendredi 5 mars 1965, à la mine Lorraine, le député fédéral de Témiscamingue-Pontiac, Paul Martineau, marquait le début de l'opération de cette nouvelle exploitation de cuivre-nickel. La mine Belleterre était aussi opéré par la McIntyre et avait fermé il y a six ans. Il y aura 100 travailleurs à la Lorraine.
O'Brien Rivard, un prospecteur de 35 ans de Belleterre, était de l'inauguration, en mars 1965. Il a prospecté et claimé les terrains et d'autres sites intéressants. Il est réputé avoir découvert le gisement Lorraine. Le moulin de la Lorraine concentrera 400 tonnes de minerai cuprifère et nickelifère par jour. Le tout sera envoyé par chemin de fer à l'affinerie de Sudbury, depuis Laverlochère où on retrouve encore une gare. McIntyre devient ainsi le 2e producteur de nickel au Québec.
Août 1968 marque la fin de l'exploitation de la mine Lorraine et donc sa fermeture après trois ans. Comme du temps de la mine Belleterre, c’était la seule exploitation minière active du Témiscamingue. Pas moins de 600 000 tonnes de minerai de nickel et de cuivre ont été extirpées du sous-sol. Des Belleterriens devront déménager, tôt ou tard, à moins que Belleterre ne se relève, encore, par un nouveau coup du « destin ».
Belleterre est encore une ville monoindustrielle.
Les gens de Belleterre ont été longtemps habitués au téléphone à manivelle relié à une opératrice qui était installée à l'étage de la maison du prospecteur O'Brien Rivard. Ce sera bientôt chose du passé. Au début de 1969, le service téléphonique automatique est prêt. On le rode. Le petit bâtiment est ironiquement construit en face de chez la standardiste.
L'opératrice était une dame ou Mme Gaudet. On se demandait si elle était au poste 24 heures par jour. Dormait-elle? Ha ha!
Heureusement, il reste Canada Veneers. Mais Belleterre demeure une ville mono-industrielle, c'est-à-dire dont l'économie n'est basée que sur une seule industrie, quand la deuxième (la mine) disparaît. On fait abstraction de la chasse, de la pêche et du tourisme. Il y en a partout au Témiscamingue. Belleterre doit identifier des cibles de développement. Défi de taille. Il faut trouver créneaux et capitaux. Une bonne route vers l'est constitue-t-il un projet structurant? Comme plusieurs le savent, le tracé existe pour les motoneigistes et, l'été, pour les petits véhicules tout terrain seulement. Une route carrossable ferait économiser beaucoup de kilométrages et des heures de route pour aller vers le nord de l'Outaouais, en direction des Laurentides, de Montréal.
Ce serait bien à plusieurs niveaux.
En 1983, la route Latulipe-Belleterre était rechargée en vue de recevoir de l’asphalte. Des tronçons trop en courbes étaient abandonnés. Un nouveau tracé était choisi à quelques endroits. Puis on asphalte de Latulipe jusqu'au village de Belleterre, y compris la 1re Avenue, jusqu'à la sortie de la ville en direction de Laforce.
Il y a des petites merveilles, des choses magnifiques à voir et découvrir en ces lieux, pour le plein air, la chasse, la pêche. Et, à cette latitude, on débouche également dans la réserve faunique La Vérendrye, dans sa partie sud, rappelons-le.
Une telle route ne desservirait pas seulement les Témiscamiens. La population du Nord-Est ontarien, en grande partie francophone, soit dit en passant, pourrait aussi en profiter pour rejoindre le Sud québécois. Plutôt que d'être contraint de faire un détour par Rouyn-Noranda, en Abitibi, ou par l'Ontario, via Témiscaming, Matawa ou North Bay, Pembrooke et Ottawa.
L'État pourrait agir en faveur de Belleterre, avec les deniers publics. Mais le Témiscamingue ne semble pas avoir la masse critique, sur le plan démographique (des électeurs), pour faire le poids dans ses revendications. Il y a eu au plus 25 000 habitants au Témis. Là, il y en a 17 000, plus ou moins. C'était mieux à la fin des années 1960. Mais pas guère mieux.
Il y aurait donc la route Belleterre-Le Domaine qui pourrait aider. Et ça, ça relève des fonds publics. Mais... Trève de bla bla là-dessus. On en a parlé pendant des décennies et rien n’a jamais été fait, si ce n’est un sentier menant au lac Joncas et débouchant sur la Transcanadienne 117, non loin de la tour Larouche où se trouve la limite commune des régions touristiques de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Outaouais.
Il est tout de même très curieux qu'une région plus avantagée que l'Abitibi sur le plan des températures, du climat continental, des régions naturelles (Laurentides boréales et méridionales) et qui a été la première à être peuplée, dans cette partie-ci du Québec, voit son développement handicapé. Doit-on miser sur le secteur secondaire, manufacturier, en allant plus loin avec la transformation de la matière première?
Coup de théâtre, événement inattendu, un incendie détruit la scierie de la Commonwealth Plywood en 1989. La nouveau moulin à scie est attendu pour bientôt, car les travailleurs ne veulent pas rester sur l'assurance emploi trop longtemps. En attendant, la majorité des employés ont cessé de travailler à ces installations. Au 50e anniversaire de municipalisation de Belleterre, en 1992, la compagnie avait repris ses activités. L'arrêt se sera étalé sur une couple d'années.
Belleterre, cette communauté du Témiscamingue, Québec, incorporée donc en municipalité de ville en 1942, est aujourd'hui composée de la totalité de deux cantons, les Guillet et Blondeau, ce qui n'était pas le cas à sa création. L'incorporation de l'entièreté des deux cantons remonte très exactement à 1994. Sait-on que Blondeau est un des noms les plus prestigieux du pays témiscamien? Ainsi désignée dès 1926, cette entité rappelle en effet un voyageur considéré comme le premier explorateur du Témiscamingue, vers 1660, à l'époque d'Étienne Brûlé, le protégé du fondateur de Québec, Champlain. Le canton Blondeau a été proclamé en 1936. On n'y retrouve pas de maisons, mais quelques camps de chasse et de pêche et des cabanes à sucre. Ce canton est partiellement marécageux. Ses coordonnées sont 47 degrés 23 minutes de latitude Nord et 78 degrés 42 minutes de longitude Ouest.
Pour ce qui est du canton Guillet, il doit son nom à Paul Guillet, né en 1690 et mort en 1753, fils de Mathurin Guillet et de Marie-Charlotte Dumoyne. Paul G. a été employé comme premier fermier du poste de traite de Témiscamingue, le deuxième établi à la baie des Pères, à Ville-Marie (chef-lieu du Témiscamingue), de 1720 à 1724. Il a été propriétaire de seigneuries dans la région de Montréal. Le choix de cette appellation remonte à 1926. Sa proclamation date de 1936. De forme régulière, ce canton est arrosé par le lac Devlin et la baie Storey ainsi que par le lac aux Sables qui baigne la ville de Belleterre. Le premier nom utilisé pour désigner cette localité était d'ailleurs Sand Lake. Le terrain du canton Guillet est couvert de nombreux plans d'eau uniformément distribués et son altitude par rapport au niveau de l'océan Atlantique varie entre 320 mètres et 430 mètres. Ses coordonnées sont presque les mêmes que celles du canton Blondeau: 47o 22' Nord 78o 38' Ouest.
Donc, Belleterre est une ville planifiée, c'est-à-dire créée avec un plan d'urbanisme et tout ce qui fait une ville digne de ce nom (l'incorporation en municipalité de ville a été réalisée en 1942). Avant cette ville qu'on a déjà officieusement appelée Sand Lake et New Town Site, il y a aussi eu, je le rappelle, dans ce secteur, des poches d'établissement dites anarchiques: Mud Lake et Gainsmore. Des squatters, finalement. On arrivait, on s'installait, point à la ligne. En 2014, l'occupation humaine à Belleterre s'étend, en plus du quadrilatère urbain, sur toute une face du lac aux Sables, maisons et chalets qu'on peut rejoindre par le chemin du même nom. C'est en plus donc, des quatre avenues et des quatre rues du plan de base de la ville. Des cadastres restent encore à être occupés. À noter que Belleterre a été la seule, avec Témiscaming, à être dotée de ruelles. Les poubelles pouvaient donc être mises à l'arrière des résidences où le camion de ramassage des déchets avait amplement de place pour passer.
Plus récemment, en 2010, un incendie allumé par une main criminelle détruisait entièrement le centre de santé de Belleterre. Heureusement, le dispensaire a vite été reconstruit à neuf.
Aussi, un camping municipal était aménagé en marge la plage publique. Il connaît une grande popularité. Un poste d'accueil avec toilettes y est aménagé, en plus de nombreux terrains avec entrées électriques.
Cette même année, Belleterre vivait son premier Music Fest, après avoir connu différents festivals auparavant, dont le Festival du tourisme, longtemps avant. Cette année, en 2017, c'était la 8e édition, un Music Fest ayant eu lieu de façon ininterrompue depuis le premier. Le tout s'est déroulé rondement, en même temps que les festivités du 75e anniversaire de municipalisation de Belleterre. Cela faisait chaud au coeur de voir autant d'animation, d'activités, de circulation, de vie, au sein de la communauté belleterrienne. De nombreux "anciens" sont venus de partout pour prendre part à l'événement... aux événements.
Belleterre jouit d’une position géographique prévilégiées. Loin de constituer un cul de sac, elle est une porte d’entrée extraordinaire sur la moitié du Témiscamingue, du nord au sud. Voir la carte du territoire des lacs-du-Témiscamingue ci-jointe, en rouge,  sur lequel débouche Belleterre. Le tourisme est une force, à Belleterre. Le chemin du lac à la Truite et le chemin de la Cerise (et du lac Cinq milles) donnent accès à un vaste territoire de chasse, de pêche, de villégiature, de trappe, de canot, de kayak, de randonnée pédestre, de plongée sous-marine, de ski-doo, de vélo, de véhicules tout-terrain,  d'exploration minière et forestière, etc. Par là, on peut aussi accéder au chemin de pénétration dit de Béarn-Kipawa et ultimement dans la corne du Témiscamingue et en Outaouais, à commencer par le Pontiac. Il faut savoir que Belleterre chevauche deux régions naturelles, les Laurentides boréales au nord et les Laurentides méridionales au sud.
En finale, lorsque j’ai amorcé cet historique, en 2009, j’écrivais : « j’espère tant qu'au 75e anniversaire de Belleterre, en 2017, hé bien que des investisseurs, comme l'ont fait les actionnaires des mines Belleterre et Lorraine, auront investi dans Belleterre, un filon en soi, dans la matière grise des Belleterriens, des Témiscamiens, et que chacun aura suffisamment pour être heureux, tout en demeurant chez lui, dans sa zone d'appartenance! » Aujourd’hui, j’écris qu’il reste encore bien des années devant nous et que les nouvelles générations sauront certes prendre les choses en main, pour la survie, mais surtout pour la vie !
Ceci complète mon texte que je continuerai toujours d'enrichir, historique retraçant les faits saillants de Belleterre. J'ai volontairement plané au-dessus des informations, allant à l'essentiel. Je vous rappelle que vos commentaires sont les bienvenus et surtout vos renseignements, pour préciser le tout, bien sûr. Merci.
Ghislain Loiselle

2 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur! Petite rectification au niveau du plus grand nombre d'habitants du Témiscamingue. En 1951, selon le recencement c'est un peu plus de 30 000 personnes qui habitaient au Témiscamingue. Toutefois il s'agit là des chiffres officiels. Ma Grand-Mère, qui a maintenant 92 ans, dit pour sa part, que lorsqu'elle était jeune, 36 000 personnes habitaient le Témis. Très intéressant votre texte, merci!

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