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samedi 6 février 2010

J'AI RECULÉ DANS LE TEMPS, DE 130 000 ANS!

Je me suis construit une machine à reculer dans le temps. Elle m'a téléporté jusqu'à 130 000 ans avant 1950. Quand je suis arrivé, c'était la fin de l'époque glaciaire illinoienne qui avait commencé il y a 250 000 ans et a duré 120 000 ans. La calotte glaciaire nordique se met donc présentement à fondre résolument. Mais la fonte ne se fera pas en un an, ni même en un siècle. Il faudra attendre 8000 ans avant que les falaises de glace qui se trouvent présentement à New York et très au sud de Chicago soient rendues au pied du Témiscamingue là où la rivière Dumoine se déverse dans la rivière Outaouais à l’heure de votre horloge, en 2010. Pendant 30 000 ans, il va donc y avoir réchauffement de la planète. L’homme n’y contribuera aucunement. Il y en a très peu sur Terre. Et il y a des Néandertaliens. Cette période porte le nom de sangamonienne. 30 000 ans d’interglaciaire, donc. Une période chaude exactement comme celle qu’on connaît, avec des forêts, des lacs, des rivières, des animaux. L’homme n’y est pour rien dans ce réchauffement, pas plus qu’il y est pour quelque chose si la Terre tourne sur elle-même. Et dans 30 000 ans, donc, il va encore y avoir une période glaciaire, la wisconsinienne. Elle va durer 90 000 ans. C’est au terme de cette glaciation que les humains qu’on connaît, l’Homo sapiens sapiens, vous et moi, vont se révéler à la face du monde. Je fais une pose, le temps de me téléporter au début de cette nouvelle époque de déglaciation... Je passe par-dessus l'époque glaciaire du Wisconsin, la dernière qu'on a connue... Voilà, je viens d’arriver. Je suis actuellement en l’an 20 000 avant 1950. Une nouvelle période de réchauffement de la Terre commence après 90 000 ans de glace. Il y a eu une douzaine deglaciation et de déglaciation depuis le début de l’ère quaternaire, 1 million d’années avant 1950. C'est dans cette même période interglaciaire que vit l'homme de 2010. Mais on ne sait pas quand on va atteindre le pic de réchauffement. En tout cas, il va falloir 8000 ans avant que la grande tuque blanche que la planète a actuellement sur la tête remonte pour dégager ses yeux qui sont présentement cachés. C’est une image pour illustrer la calotte glaciaire qui a atteint son apogée au sud il y a 20 000 ans. Je remonte dans ma machine pour m’en aller maintenant en l’an 12 000 avant 1950… Bon, m’y voilà. Je suis présentement au pied de l’inlandsis, au sud du Témiscamingue. Je touche les parois glacée de mes propres mains. Il y a, à plusieurs centaines de kilomètres à l’ouest, un immense lac, le lac Algonquin, qui rassemble en fait les Grands Lacs qu’on connaît. Plusieurs centaines de kilomètres à l’est se trouve un autre lac immense, le lac Iroquois, qui est en fait le fleuve St-Laurent gonflé à bloc, au même niveau que l’océan. C'est à faire dresser les cheveux sur la tête. Mais dans 2000 ans seulement, on va commencer à voir se dessiner nos cinq Grands Lacs. En plein milieu de l’Abitibi-Témiscamingue, il va y avoir le lac Barlow et la majeure partie du Témiscamingue sera rendue exempte d’eau. On y sera sur la terre ferme, avec quand même la présence du lac Témiscamingue, du lac Kipawa et des autres. Au sud, il y aura la mer de Champlain. Et dans 3600 ans, l’Abitibi sera toute en eau et le Témiscamingue comme en 2010, avec tous ses plans d’eau. Notre voisine du nord (l’Abitibi) baignera dans un lac colossal qui s’étendra jusqu’à l’ouest de la mer d’Hudson et bien au delà. J'en ai des frissons. Ce sera le lac Ojibway. Toutes les plus hautes collines qu'on y connaît seront des îles: collines Abijévis, mont Plamondon, etc. La calotte glaciaire recouvrira encore tout le sud de l’Hudson incluant la baie James. Le bouchon de glace sera tellement immense au nord du lac Ojibway que toute l’eau sera forcée de couler vers le sud et le lac Témiscamingue sera un gargantuesque évacuateur de crue. Son nom algonquin peut bien faire référence à sa profondeur (Témiscamingue : lac profond). Mais, quand la calotte va peu à peu regagner le Pôle Nord, comme à chaque 100 000 ans grosso modo, la croûte terrestre dégagée de cette masse de glace et donc de ce poids dépassant l’entendement va se relever. C’est le mouvement dit isostatique, comme une boule de caoutchouc qui reprend sa forme après qu’on l’ait écrasée. Et là, l’eau va virer de bord à partir d’une certaine ligne naturelle dite de partage des eaux, se séparant entre le bassin de la mer d’Hudson et celui du fleuve St-Laurent. Pendant la présente période interglaciaire, appelée Holocène, ce qui veut dire «actuelle », l’homme n’y a été pour rien dans le réchauffement de la Terre, jusqu’à la révolution industrielle, vers 1800. On accélère un réchauffement naturel. On ignore quand débutera la prochaine ère de glace. Mais il se pourrait qu’à cause de l’effet de serre, elle pourrait commencer plusieurs milliers d’années plus tard. D’autres par contre affirment qu’une glaciation pourrait se produire plus tôt, à cause justement du déséquilibre qu’on crée. Trop d’eau douce dans l’eau salée, dérapage dans le mouvement des courants océaniques qui agissent à la fois comme élément de chauffage et de climatisation. En terminant, croyez-le ou non, là où je demeure, sur ma terre à Évain (Rouyn-Noranda), la rivière Pelletier qui la traverse en largeur coule vers le St-Laurent alors que le petit ruisseau au bout de ma terre coule vers la baie d’Hudson. La ligne de partage des eaux passe en effet au nord de ma terre où ma machine à voyager dans le temps vient de me ramener.
N.B. Si je prends comme référence l'année 1950 plutôt que l'an 0 (Jésus-Christ), c'est parce que les ouvrages scientifiques, d'archéologie notamment, font de même. C'est AA pour eux, c'est-à-dire avant aujourd'hui, et aujourd'hui, c'est 1950, année de la mise au point du procédé de datation au carbone 14.